Les monuments à travers l'histoire
Des origines jusqu'à Philippe le Bel

Chapelle Sainte-Casarie
C'est le plus ancien édifice de Villeneuve, construit au XIe siècle sur le mont Andaon. La chapelle est bâtie au-dessus d'une cavité à l'intérieur de laquelle l'ermite Casarie est décédée en 586. Le célèbre épitaphe de Casarie, conservé dans cette chapelle jusqu'à la Révolution, est actuellement exposé dans la collégiale Notre-Dame.
L’Abbaye Saint-AndréL'abbaye est fondée vers 980 par des moines bénédictins pour veiller sur la tombe de Casarie. Elle deviendra l’une des plus puissantes maisons religieuses du Midi, à la tête de nombreux prieurés. Les plus anciens vestiges conservés datent du XIIe siècle : assises des églises Saint-Martin et Sainte-Casarie et galerie Sud du cloître.
Notre-Dame de Belvezet
Sur les pentes du Mont Andaon, à côté de l’abbaye, se développe un village appelé Bourg Saint-André, habité jusqu'au début du XXe siècle et dont il ne reste que des pans de murs. Notre-Dame de Belvezet ("belle vue"), érigée entre 1150 et 1175 sur le point culminant du mont, était l’église de cette communauté.
L’église Saint-PonsLe développement rapide de la ville-neuve entraîne le besoin d’un lieu de culte plus vaste et plus accessible que l’église Notre-Dame de Belvezet. L’église Saint-Pons est édifiée dans le Bourguet au début du XIVe siècle. Elle est placée sous le vocable d’un célèbre abbé de Saint-André. Elle est église paroissiale jusqu’en 1792.
Le pont Saint-BénézetLe pont sur le Rhône est construit entre 1177 et 1189, sur les bases d’un ancien pont gallo-romain. Sur la rive droite, il donna naissance à une agglomération le long de la route d’Espagne, qui deviendra plus tard le quartier de la Tour.
Régulièrement rompu par les crues du Rhône, le pont est définitivement abandonné en 1669. Au milieu du bras de Villeneuve subsistait une pile qui fut dynamitée lors des aménagements du fleuve par la CNR.
La Tour Philippe le BelEn 1292, le roi Philippe le Bel signe avec l’abbé de Saint-André un acte de paréage par lequel il devient co-seigneur du lieu. Cet acte prévoit la construction de deux forteresses royales dont une à l’entrée du pont Saint-Bénézet appelée La Grosse Tour du Bout du Pont, élevée entre 1293 et 1307. Isolée sur son rocher depuis l'abandon du pont en 1669, la Tour sert longtemps de prison.
La Ville neuve
L’acte de paréage prévoit également la fondation d’une cité. Le quartier du Bourguet, au plan régulier en damier, est typique de l’urbanisme des bastides royales. Pour asseoir l’essor économique de la ville nouvelle, le port se développe et le roi autorise la tenue de plusieurs foires annuelles, abritées par les arcades de la rue de l’Hôpital.
Sous les papes d'Avignon

Le Fort Saint-AndréC'est la seconde forteresse royale prévue par le traité de paréage de 1292. Bâtie au sommet du Mont Andaon, ses murailles encerclent l'Abbaye et le Bourg Saint-André. Le fort est achevé en 1361. Il est caractérisé par une porte monumentale encadrée de deux tours jumelles formant châtelet.
Le Chapitre de Notre-DameEn 1333, le cardinal de Via fonde un chapitre de douze chanoines pour desservir la chapelle de son palais de Villeneuve. Il agrandit la chapelle qui devient l’église-collégiale Notre-Dame et qui accueille sa sépulture en 1336. Le chapitre hérite tous les biens du cardinal et transforme l'ancienne livrée en maison religieuse. En 1350, les chanoines font édifier le cloître attenant à l’église ainsi que le beffroi. En 1792, le chapitre est supprimé. La collégiale devient l’église paroissiale de Villeneuve en remplacement de l’église Saint-Pons.
Ouverture tous les jours sauf le lundi
Du 1er février au 30 avril et du 2 novembre au 31 décembre : de 14h à 17h (mercredi de 10h à 12h et de 14h à 17h)
Du 2 mai au 31 octobre : de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
Fermé en janvier et les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre et 24, 25 et 31 décembre.
Les livrées cardinalices
L’installation en 1316 de la papauté à Avignon a d’énormes conséquences sur Villeneuve. Disposant de grands espaces, de collines, d'un air réputé plus sain, Villeneuve est à la fois proche et éloigné de la cohue d'Avignon et va accueillir les "résidences secondaires" de nombreux cardinaux. Villeneuve compte quinze de ces palais ou livrées cardinalices, entourés de jardins et conçus pour les réceptions. Les cardinaux rivalisent de luxe. Le summum du faste est atteint dans le palais, aujourd’hui disparu, que le pape Clément VI édifie à proximité de la Tour Philippe le Bel.
La livrée de Via
Dans les années 1320, Arnaud de Via, neveu du pape Jean XXII, est le premier cardinal à faire construire une villégiature à Villeneuve, en lisière du Bourguet, mais donnant sur un vaste domaine.
La Chartreuse pontificale du Val de Bénédiction
Le cardinal Etienne Aubert devient en 1352 pape sous le nom d'Innocent VI. En 1356, il offre son palais de Villeneuve à l'ordre des chartreux et fonde une chartreuse qui accueille douze pères. L'église, le cloître et les douze cellules sont construits dans un petit vallon séparant le Mont Andaon de l'éminence sur laquelle est bâti le palais du pape. En 1372, le cardinal Pierre de Montirac, neveu d’Innocent VI, fonde douze cellules supplémentaires, construites à l'emplacement du palais détruit par un incendie.
La livrée de Giffone
Ce palais est caractérisé par une haute tour couverte d’ardoises, d’un type unique dans la région.
La livrée de la Thurroye
Le cardinal de Déaux construit ce palais vers 1340. En 1356, le cardinal de Bologne lui adjoint une immense salle de réception, ou tinel, spécialement construite de plain pied pour pouvoir accueillir le pape Innocent VI handicapé.
La Belle Croix
Sur les hauteurs de Montaut, cette importante croix couverte bordait l’ancienne route de pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle. Elle a été vendue et expatriée au Etats-Unis au début du XXe siècle.
L'époque moderne

L’hôtel de Montanègues
En 1661, à l’emplacement de la livrée de Canilhac, François de la Valfenière construit pour le marquis de Montanègues cet hôtel qui possédait un extraordinaire jardin à l'italienne, dont subsiste une fontaine monumentale. L’hôtel est acheté en 1694 par les religieuses de Sainte-Elisabeth qui le transforment en école et hospice. Géré par des ordres religieux successifs, l'hospice s'est maintenu jusqu'à nos jours et est l'actuel centre de longs séjours Docteur Paul Gache.
L’hôtel de Boucoiran
L’ancienne livrée du cardinal de Ceccano, dans laquelle le cardinal Pierre de Luxembourg s’est éteint le 2 juillet 1387, est transformée en hôtel particulier à la fin du XVIIe siècle par l'architecte François de Royer de la Valfenière, pour la marquise de Boucoiran. Cet hôtel particulier abrite depuis 1986 le Musée municipal.
L’hôtel CalvetConstruit dans les années 1660 pour le jurisconsulte Antoine Calvet par Louis de la Valfenière, fils de François.
Son portail, autrefois décoré de deux atlantes, est unique dans la région.
La porte du Bout de la Ville
C’est l’une des huit portes de la ville, réaménagée au XVIIIe siècle. Elle était marquée des armoiries (bûchées à la Révolution) des deux co-seigneurs de Villeneuve : le roi et l’abbé de Saint-André.
L’abbaye Saint-André
En 1637, après un siècle de décadence, l’abbaye bénédictine s’affilie à la congrégation réformiste de Saint-Maur qui entreprend de grands travaux : reconstruction de l’église Saint-Martin en 1637, reconstruction du réfectoire en 1645, réaménagement des églises (rétable de Saint-Martin par Pierre Mignard) et construction des dortoirs en 1700.
La Chartreuse
Toujours prospère, notamment grâce à la mise en valeur de l'ancien étang de Pujaut, la chartreuse continue de s’enrichir en œuvres d’art et en constructions dont le portail monumental de François de la Valfenière en 1649.
Les Récollets
L’ordre des Récollets s’établit à Villeneuve en 1619. Il construit son couvent et sa chapelle près de l’ancien port.
La chapelle des Pénitents Gris
La confrérie des Pénitents Gris est née en 1610 d’une scission au sein de la confrérie des Pénitents Noirs. Les Pénitents Gris aménagent une chapelle dans une partie de l’ancienne livrée de la Thurroye. Elle est agrandie en 1758 par les architectes Franque. Parvenue intacte, elle est remarquable par la qualité du dessin de ses voûtes.
La chapelle de l’Hospice
Les religieuses de Sainte-Elisabeth aménagent cette chapelle dotée d’un retable monumental en bois doré.
Les oratoires
Le territoire de la cité est parsemé de petites chapelles, oratoires ou simples croix, parmi lesquels :
- Notre-Dame des Sept Douleurs : élevée en ex-voto par les carriers sur le chemin menant aux carrières du Mas de Carles.
- Notre-Dame de Consolation : bâtie en 1760 au sommet de la colline des Mourgues par les religieuses de Sainte-Elisabeth.
- Chapelle Saint-Roch : petit édifice du XVIIIe siècle, bâti par les bateliers du Rhône.
- Croix du Père Bridaine : chef d’œuvre de ferronnerie élevé en 1767 en souvenir d'une mission prêchée par ce célèbre religieux.
L'époque contemporaine

La Révolution prive Villeneuve de son statut et de ses privilèges de ville royale, ainsi que de toutes ses maisons religieuses, qui étaient des acteurs économiques de premier plan. La ville voit son patrimoine monumental en grand péril : la Chartreuse, les Récollets, le Chapitre Notre-Dame sont lotis en une multitude de petites propriétés privées. L’Abbaye sert de carrière de matériaux.
Toutefois, les principaux trésors artistiques de ces maisons sont sauvés de la dispersion par des esprits éclairés et sont regroupés en 1868 dans un musée aménagé dans deux salles de l’Hospice.
Réduite au rang de chef lieu de canton, la ville n’a pas les moyens de porter de grandes réalisations.
Place Jean Jaurès
La création de la Place Neuve en 1837 (actuelle place Jean Jaurès) au cœur du Bourguet, en rasant l’hôtel de Thierry, est le principal acte d’urbanisme du XIXème siècle
Le patrimoine industriel
Villeneuve comptait de nombreuses fabriques : tuileries, salaisons, biscuiteries, filatures, etc. Il ne reste que peu de vestiges des bâtiments industriels. La toponymie du quartier des Tuilières ou du Vieux Moulin conserve le souvenir de ces activités.
Les jardins de l’Abbaye
L’abbaye Saint-André, passée de mains en mains pendant le XIXème siècle, est achetée en 1916 par Gustave Fayet (1865-1925) célèbre mécène et collectionneur. Il en confie la restauration à Elsa Koeberlé, que la guerre avait chassée d'Alsace. Cette dernière crée entre 1920 et 1930 un magnifique jardin à l’Italienne, classé Monument Historique en 1942.
Ecole de Montolivet
Ce groupe scolaire est construit en 1935 par la municipalité Deshommes sur les anciens jardins de l'hôtel de Montanègues, achetés à l'hospice. L'imposant bâtiment de style art-déco, dû à l'architecte nîmois Paul Chabert, était à la pointe des progrès de l'hygiène et du confort. Il apportait une réponse à l'accroissement de la population et à la situation précaire des écoles communales jusqu'alors réparties dans plusieurs locaux loués à des particuliers. Symbole de modernité, l'édifice était également une arme dans la querelle entre l'école publique et l'école privée, c'est pourquoi il est plus haut que le clocher de l'église !
Eglise Sainte-Thérèse de Candau
L'idée d'une nouvelle église pour desservir le quartier récemment urbanisé de Candau est portée depuis 1925 par Marie Viroulet. Le projet est une église de plan centré, de style romano-byzantin teinté d'éléments Art déco. La première pierre est posée en 1934. Le chantier, ralenti par la guerre, est achevé en 1952. Cependant la coupole n'a pas reçue la toiture de tuiles vertes vernissées initialement prévue.
La restauration de la Chartreuse
A la fin du XIXème siècle, les principaux monuments villeneuvois, collégiale, tour Philippe le Bel et Fort Saint-André, bénéficient d'importants travaux de restauration.
La chartreuse fait quant à elle l’objet d’un projet global de restauration et de rachat des 300 parcelles nées de la vente du monastère en 1792. Sous l’impulsion de l’architecte Jules Formigé, l’Etat rachète et restaure l’église en 1909. La chartreuse est ouverte au public en 1948. A partir de 1970, le petit cloître puis le cloître du cimetière sont restaurés dans leur état d’origine. En 1973, la chartreuse devient un centre culturel. En 1980, le Tinel est aménagé en salle de spectacles. Le cloître Saint-Jean a été restauré en 1995 mais suivant des principes moins radicaux, respectant les transformations successives du site. Les restaurations se poursuivent actuellement par les bâtiments des frères.
Le Musée Pierre-de-Luxembourg
le musée est ouvert :
Du 1/10 au 30/04, tous les jours sauf le lundi, de 14h à 17h
Du 1/05 au 30/09, tous les jours sauf le lundi, de 10h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h30.
Fermé le lundi.
Fermé les 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 et 26 décembre. Villeneuve lez Avignon possédait sous l'Ancien Régime plusieurs riches monastères : abbaye Saint-André, chartreuse du Val-de-Bénédiction, chapitre de la collégiale Notre-Dame, Récollets, etc, tous supprimés à la Révolution. Plusieurs œuvres d'art ont été sauvées de la vente et de la dispersion des biens de ces monastères ; notamment par l'abbé Jean-Baptiste Lhermitte qui les regroupa dans l'église paroissiale et dans l'Hospice. Devant la qualité des oeuvres, est décidée en 1868 la création d'un musée occupant deux salles de l'Hospice, puis transféré en 1986 dans l'hôtel Pierre-de-Luxembourg spécialement acquis par la municipalité.
La livrée construite pour le cardinal Annibal de Ceccano vers 1335, transformée en 1664 par Louis-François de la Valfenière a été entièrement restaurée afin de former un cadre agréable et didactique à la présentation des trésors réunis au cours des siècles au sein de la cité cardinalice dont principalement le Couronnement de la Vierge par Enguerrand Quarton, et la Vierge en Ivoire. Le musée a reçu le nom du cardinal Pierre de Luxembourg, jeune membre de la Curie décédé dans ce lieu le 2 juillet 1387 à l'âge de 19 ans. Aussitôt considéré comme un saint, il fut l'objet d'une très grande dévotion en Provence. Au plafond de l'escalier (du XVIIe siècle), une toile de Léon Teyssier (1876) représentant l'Aumône de Pierre de Luxembourg témoigne de cette tradition.